Promos Radio Arc-en-Ciel (Schaerbeek)

Posted 16 juin 2020

HISTOIRE

(debut de l’histoire)

Septembre 1980 : 2 passionnés de radio partent d’une feuille blanche et lancent le projet Arc-en-Ciel. Il s’agit de Thierry Vinois et Emmanuel Warnier. Ils ont l’ambition de leurs 20 ans mais le porte-monnaie proche du vide absolu.

Très vite Emmanuel trouve des copains pouvant venir à l’aide au niveau technique et pour la construction du studio. Dont un autre Thierry (que nous nommerons VS) qui habite à moins de 100 mètres de chez lui. Mais le souci est d’abord de trouver un local avec de préférence un bon emplacement pour l’antenne (qu’ils n’ont pas encore évidemment). C’est ainsi que Thierry a la folle idée mais avec un aplomb de ministre de proposer au Doyen de sa paroisse l’installation du futur studio dans le clocher de l’église Sainte-Suzanne à Schaerbeek et de l’antenne sur… la croix ! Le Doyen connaît bien Thierry et l’estime. Il n’est pas contre et montre même des signes d’intérêt. Seule condition, convaincre la fabrique d’église en recevant l’autorisation de l’archevêché.

Il se fait que tout à fait par hasard, l’oncle de Thierry VS est chanoine et collaborateur direct de Monseigneur Daneels. La réponse de l’archevêché est laconiquement positive : une redevance d’antenne peut être demandée par la fabrique d’église mais elle ne peut pas demander de loyer pour l’occupation du clocher… et rien n’indique qu’il est interdit d’occuper le clocher. On reçoit le feu vert. Nos compères ne sauront jamais s’ils ont bénéficié d’un coup de pouce du chanoine. En tout cas, le bon Dieu était avec eux.Ils se sont cependant engagés à retransmettre en direct la messe de minuit à Noël.Début octobre 1980, les travaux d’aménagement qui devaient durer deux ou trois semaines commencent. Il s’agissait d’aménager le deuxième étage du clocher (170 marches à gravir !) dans une structure bois et unalit, bourrée de laine de roche et recouverte de cartons d’oeufs pour l’acoustique. Mais sans le sou et sans les outils nécessaires, les travaux prennent du retard. A coup de jobs d’étudiants, ils réussisent à acheter quelques fournitures, Jean-Georges venu rejoindre l’équipe rapporte tous les soirs la Hilti de son boulot pour faire des trous dans le béton de Sainte-Suzanne.Au mois de novembre, Emmanuel prend le train pour l’Italie où les radios (et les télévisions) ont été libéralisées. A Milan il achète chez TEM un émetteur FM de 20 Watts avec la mise en commun de ses économies et de celles de Thierry.C’est petit, mais suffisant pour commencer et émettre sur Schaerbeek. Mais les travaux peinent. Le retard s’accumule. Il ne seront pas prêts pour leur engagement de retransmettre la messe minuit, il leur faut encore un moiEntretemps, Thierry et Emmanuel font la rencontre de Jean-Marie Lilet, disquaire à l’Inno du Woluwe-Shopping-Center. Ensemble ils trouvent le futur générique de la station… qui rappelle les cloches de l’église.Initialement il avait été prévu d’émettre une semaine de musique non stop pour faire les différents réglages de l’émetteur et battre campagne pour recruter des animateurs, et surtout des animatrices, tous les acteurs du projet étant issus d’écoles de garçons.Mais les retards accumulés les poussent à réduire cette période à un week-end. C’est donc le samedi 31 janvier 1981 que rententit le générique pour la première fois sur les 102 Mhz et les appels à envoyer des candidatures à la BP 127 à 1000 BruxellesLa première émission a lieu à 6 heures du matin avec Emmanuel au micro pour son Reveil o’clock. Très rapidement, de nouvelles voix viennent les rejoindre : Nicole (alias Annie), Lucky, JF, Patricia, le Noctambule, Eustache, l’ArtiShaw, Arcobaleno, Studio 350, jusqu’à être, pendant une petite période, la seule radio de Bruxelles émettant 24h/24 avec de vrais animateurs. C’est parti.

N’ayant pas les moyens de placer le téléphone, le doyen les a autorisés à se brancher sur le téléphone de l’église. Avec le succès grandissant de l’audience, le téléphone n’arrête pas de sonner en studio, mais aussi dans la sacristie ce qui perturbe les messes. On arrive même à faire sauter la ligne. A la RTT, on ne comprend pas cette montée soudaine de trafic.C’est tellement bien parti que Radio Arc-en-Ciel commence à chatouiller une autre radio libre (mais tout aussi illégale), Radio Judaïca émettant sur 102.2 Mhz. Un matin après son émission, Emmanuel reçoit la visite de Jean-Pierre M.. Jean-Pierre est clair : « Modifiez votre fréquence car on va augmenter la puissance de notre émetteur et vous ne passerez plus nulle part ». L’injonction est ferme mais courtoise. Jean-Pierre habite Schaerbeek et sa fille Nathalie aime Radio Arc-en-Ciel et il est disposé à filer un coup de main en optimisant l’antenne et la placer encore plus haut sur la croix. Finalement, Jean-Pierre devient aussi un peu le technicien-conseil de Radio Arc-en-Ciel. Ainsi peut s’écouler la première année. La seule chose à craindre sont les camionnettes goniométriques de la RTT et les saisies fréquentes du matériel.

1981 s’achève et il est temps d’honorer l’engagement auprès du doyen : retransmettre la messe de minuit.

L’incroyable se passe. Jean-Pierre nous annonce que durant les vacances de Noël, Radio Judaïca, qu’on entend désormais de Bruges à Namur, n’émet pas et que pendant cette période il va retransmettre le signal de Radio Arc-en-Ciel.En ce 25 décembre à minuit, Radio Arc-en-Ciel, relayée par Radio Judaïca, retransmet la messe de minuit de Sainte-Suzanne bien au-delà de la paroisse. Un beau message de paix.

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