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Les radios arabes de Bruxelles

 In Histoires

Les années 80 ont été synonyme de l’explosion des radios libres en Belgique et particulièrement à Bruxelles,    Au moment où furent délivrées les premières autorisations de masse, fin 1986 et début 1987,  il y avait dans la capitale plus de 50 radios en activité.

Cette multiplication de stations à aussi touché les radios arabes qui étaient au nombre de 7 (sur des fréquences différentes) juste avant les premières reconnaissances. La communauté française ( aujourd’hui fédération Wallonie Bruxelles) a estimé qui ces radios devaient toutes émettre sur la même fréquence (106.8 Mhz) faute de quoi elles ne pourraient pas continuer leurs émisisons (1)

Cela fut fait pour six d’entre elles : Radio Médi Inter, Radio Médi 1, Radio Culture 3, Radio Al Wafa, Radio As-Salaam (ex Radio La Voix d’Islam) et Radio Al Watan.

La « fréquence arabe » comme on l’appelait, était diffusée depuis la Tour Rogier (le Martini center) Ces radios avaient une forte audience et il y avait régulièrement des conflits entre elle à cause du fait qu’elles avaient le même marche publicitaire et les mêmes auditeurs.  Certaines des ses radios ont défrayés la chronique en diffusant de la propagande ou en ne respectant pas leurs obligations de diffuser 50% de leurs programmes en français.

Lors de la crise du Golfe en 1990, Charles Picqué (le Ministre-président bruxellois) s’inquiète des positions anti-occidentales de certaines radios arabes. Il demande au ministre de tutelle Valmy Féaux d’intervenir. Tous les programmes ont alors été enregistrés pendant une semaine complète et tout a été traduit en français. L’objectif était de vérifier si le droit à l’expression culturelle n’entravait pas les efforts d’intégration du gouvernement. Cela concernait  principalement Radio Al Watan et Radio Médi 1.

(1)  C’est ce qu’on appelé les partages de fréquences, une méthode utilisée pour caser ensemble des radios, qui n’avaient souvent comme point commun que d’émettre la même localité. Cela s’est fait de force, en dépit du bon sens et ca s’est généralement mal passé, tant les équipes, les projets, les objectifs étaient différents.

Cette « idée » de partage de fréquence vient du fait que la communauté française avait accordé bien trop d’autorisations par rapport au nombre de fréquences disponibles (qui était une compétence fédérale) cela explique aussi que des radios se sont même retrouvées « reconnues sans fréquence » avec une vague promesse d’en recevoir une plus tard si c’était possible. 


Voici une brève description des radios qui émettaient sur 106.8 Mhz

Radio Al Watan 

Radio Al Watan (qui signifie « la patrie ») se décrit comme une radio de qualité, indépendante des ambassades. Elle a toujours été profondément préoccupée par la question de l’unité arabe. Le directeur général était Ahmed Hossein Gombra. La radio diffusait 17 heures de programmes par semaine, soit 10 % du temps d’antenne. Six heures par semaine étaient présentées en français. Quatre heures ont été dispensées en arabe. Les infos duraient une demi-heure en français et une demi-heure en arabe. Pendant les six heures restantes, seule la musique pouvait être entendue. Radio Al Watan était candidate pour une fréquence complète pour l’appel d’offre de 2008, mais n’a pas été retenue. Elle a dû cesser ses émissions lorsque le plan de fréquences est entré en vigueur.

Radio As-Salaam (qui signifie « paix ») était connue sous le nom de Radio La Voix d’Islam avant d’être reconnue en 1986.

C’était la radio du Centre Culturel Islamique du Parc du Cinquantenaire.  En général, les programmes d’information étaient réalisés dans un langage plutôt modéré appelant à la réconciliation entre les Arabes en cas de conflit. C’est tout à fait logique puisque l’Arabie Saoudite joue un rôle important dans le Centre culturel islamique. Radio As-Salaam a fait la une des journaux lorsqu’un présentateur a été arrêté en janvier 2003. L’homme avait réitéré la condamnation à mort d’un imam radical londonien, puis avait menacé un enquêteur antiterroriste venu à la radio.

Radio Al Wafa  Al Wafa signifie « digne de confiance ».

Sur une base hebdomadaire, elle était autorisée à diffuser 60 heures, soit 36 ​​% du temps total d’émission. Radio Al Wafa comptait une dizaine d’employés. Radio Al Wafa était généralement considérée comme une radio de deuxième génération et utilisait un langage modéré. 

Radio Culture 3

la radio faisait également partie des chaînes arabes qui diffusaient un nombre limité d’heures sur la fréquence bruxelloise 106,80 MHz. Lors d’un entretien à Télé Bruxelles, son président Sellam El Ktibi a déclaré que la communauté arabe souhaitait une radio unitaire et pluraliste plutôt qu’un « souk » de programmes sur toutes sortes de chaînes aux opinions différentes. Radio Culture 3 avait la même vision et a brièvement collaboré avec Radio Al Wafa.

Radio Médi 1

la station a tenu à certains moments à des propos violents. Elle diffusait de l’information et a relayé régulièrement à la radio les conférences de Saddam Hussein

Radio Médi Inter 

Radio Médi Inter était composée principalement d’anciens membres de l’association Amicales Marocaines.  la position du Maroc a donc été plus affirmée. Le responsable était Ahmed Bouda, fondateur de Radio Al Manar en 1992, avec Radio Culture 3 et Radio Al Wafa

Radio Al Manar 

En 1992, l’organisation à but non lucratif Radio Al Manar (le phare) est fondée elle est le résultat de la fusion de Radio Médi Inter avec Radio Culture 3 et Radio Al Wafa pour former Radio Al Manar.  La nouvelle radio a démarré le 3 juillet 1992 à 19h00. À cette époque, la radio disposait de 70 % du temps d’antenne. Les heures restantes ont été assurées par les 3 radios qui n’avaient pas fusionnées, Radio Médi 1, Radio As-Salaam et Radio Al Watan.

Lors du cycle de reconnaissance en 2008, seule Radio Al Manar a été reconnue et disposait alors de la pleine fréquence. Elle était également candidate au réseau urbain U2, mais n’a pas été retenue.

Lors du démantèlement de la Tour Rogier, le studio et l’antenne ont d’abord été transférés dans un bâtiment de la rue Royale. Les antennes ont ensuite été déplacées vers la Tour Albert à Forest (à l’altitude 100)  pour améliorer la portée des émissions. La radio et les antennes ont ensuite déménagées dans un immeuble de bureaux au 28 rue de la Loi. La radio s’est installée au onzième étage où elle a aménagé une salle de rédaction, un studio, un bureau et une salle avec équipement technique. Radio Al Manar avait alors du mal à garder la tête hors de l’eau. Les grandes entreprises n’ont plus confiance dans la radio. et seuls certains magasins arabes de la capitale diffusent leurs publicités à l’antenne. 

note: malgré de nombreux débordements techniques ( sur puissance,… ) les autorités de l’époque n’ont jamais osé saisir l’émetteur sur 106.8 Mhz, de peur de représailles des auditeurs et ce malgré diverses plaintes. 

Les programmes étaient réalisés à 70% en français. Les 30 % restants étaient présentés en arabe et en berbère. La programmation des années 1990 ressemblait à ceci :  Au cours de la matinée, il y avait une émission destinée aux consommateurs présentée en français. Dans l’après-midi, beaucoup de musique était programmée, allant des chansons françaises et arabes, Chaibi, Rai, Malhoun au Rap. Le soir, ont été présentés Les Grands Débats d’Al Manar, où une place a été faite à la politique et à l’actualité. Entre-temps, 14 journaux ont été programmés, dont la moitié en arabe et compilés par deux journalistes. Les sept autres ont été présentés en français et ont été achetés. En mai 2009, Radio Al Manar a été sévèrement réprimandée par le CSA. Un employé avait tenu des propos discriminatoires à l’encontre, entre autres, du président français Nicolas Sarkozy, du ministre Didier Reynders et du libéralisme. L’employé a cité Sarkozy comme « un anti-africain notoirement raciste et islamophobe ».  La radio a licencié l’employé et s’est distanciée des déclarations.

En 2013, le Tunisien Ben Yaghlane a repris Radio Al Manar et a changé le nom en Arabel FM.                                      Il a injecté deux  millions d’euros dans la radio. La radio emploie 12 salariés et 3 journalistes. Tarik Laabi est l’un des journalistes et également directeur des programmes. L’objectif de la nouvelle radio est de diffuser les informations de la manière la plus objective possible.

La majorité des salariés sont des femmes comme Salma Haouach qui assure l’émission « No Man’s Land » lundi soir. Force est de constater qu’Arabel FM souhaite prendre ses distances avec le passé de Radio Al Manar, régulièrement vu sous un mauvais jour.

Le studio a déménagé au 467 chaussée de Louvain, dans l’immeuble où se trouvaient autrefois NRJ. Le studio de radio a également été entièrement numérisé

il y a quelques jours (octobre 2023) Arabel a été déclarée en faillite suite à une dette 434.000 € vis à vi s de divers créanciers dont l’Onss

(source rtbf)

 

le studio d’Arabel

(

 

en collaboration avec  https://www.vrijeradio.be/

 

 

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